Traitement des intoxications par ingestion

Le lavage gastrique

Le charbon activé

L'hydroxocobalamine

Les fragment FAB d'anticorps antidigitaliques

L'atropine

Le diazépam


Traitement des intoxications par ingestion

Conduite à tenir en cas d'ingestion (d'après le moniteur des pharmacies cahier II du n°2490)

Il faut veiller à ne rien tenter sans l'avis des secours (CAP, SAMU) sauf en cas d'urgence mettant en jeu le pronostic vital (troubles de la conscience).
Dans tous les cas, ne jamais faire boire ou faire vomir.

Les mesures données ici le sont à titre informatifs et ne peuvent être réalisées que par un personnel formé en milieu hospitalier.


Le lavage gastrique

Principe
Évacuation digestive des toxiques par lavage gastrique

Indications
Intoxications potentiellement graves compatibles avec l'évacuation digestive des toxiques. 

Contre-indications
Perte de connaissance : l'intubation peut néanmoins être réalisée avec une sonde à ballonnet en vue d'éviter le risque de fausse route.

Réalisation pratique

Matériel pour lavage gastrique
Matériel pour lavage gastrique

Lavage gastrique
Lavage gastrique

Le lavage gastrique ne peut être réalisé qu'en milieu hospitalier par un personnel entraîné (au moins deux personnes). Un examen clinique complet et la correction de défaillances vitales éventuelles précèdent sa réalisation. Un matériel de réanimation (aspirateur de mucosités, plateau d'intubation, cardioscope) doit être disponible dans tous les cas. Une voie veineuse périphérique est mise en place avant le début du lavage, les prothèses dentaires sont enlevées. Le patient doit être clairement informé du déroulement de l'opération s'il est conscient.

La position du patient est variable suivant les auteurs : décubitus dorsal en position déclive le plus souvent, ou en position assise chez le sujet conscient pour certains. Le tube de Faucher (36 F minimum chez l'adulte) est lubrifié avec de l'eau ou de l'huile de vaseline (pas d'anesthésiques locaux), puis introduit dans la bouche. Il est ensuite poussé dans l'œsophage et l'estomac de façon non traumatique (40 à 50 cm chez l'adulte), en faisant déglutir le patient. Sa bonne position est vérifiée par l'existence d'un reflux gastrique et l'auscultation du creux épigastrique après injection d'air. Une tulipe en verre est adaptée au tube et le premier retour de liquide gastrique est conservé pour l'analyse toxicologique. Ensuite, la tulipe, placée à hauteur du malade, est remplie d'eau tiède (200 à 400 ml). Elle est alors surélevée pour permettre l'écoulement de l'eau dans l'estomac, puis abaissée pour siphonner le liquide gastrique dans un seau placé au dessous du plan du lit. Cette manœuvre est répétée plusieurs fois pour une quantité globale de 10 litres d'eau tiède ou plus (100 ml/kg chez l'enfant), jusqu'à l'obtention d'un liquide gastrique propre. Du charbon activé peut être administré après le lavage gastrique (protocole d'après base de donnée Tox-in).


Le charbon activé

Principe
Le charbon activé se présente sous la forme d'une poudre noire insoluble, sans odeur ni saveur à fort pouvoir d'adsorption.

Il permet :
• L'adsorption de toxiques au niveau intestinal avec formation de complexes charbon-toxiques inactifs et l'arrêt du cycle entéro-hépatique pour certains toxiques et leurs métabolites actifs ou non
• Une "dialyse intestinale" de certains toxiques, en se liant aux molécules diffusant du sang vers la lumière intestinale, en cas d'administration de charbon à doses répétées.

Ces propriétés permettent une diminution de la résorption intestinale et une accélération de l'élimination de nombreux toxiques.

Indications
Épuration digestive dans les intoxications aiguës, seul ou en complément du lavage gastrique.

Contre-indications
• Vomissements (risque d'inhalation bronchique)
• Intoxications pouvant justifier un traitement antidotique par voie orale : le charbon activé peut neutraliser l'antidote
• Toxiques non adsorbés par le charbon activé comme le cyanure.

Réalisation pratique

Exemple de charbon activé
Exemple de charbon activé

Le charbon activé est dilué dans de l'eau et la solution obtenue bien agitée afin d'éviter la formation de grumeaux. Le patient boit lentement la solution pour éviter d'induire des vomissements.
Le charbon activé est administré le plus tôt possible après l'intoxication. Le charbon peut constituer le traitement unique d'une intoxication de faible ou de moyenne gravité, ou venir en complément du lavage gastrique. On peut envisager d'utiliser le charbon activé à domicile.
En milieu hospitalier, l'administration de charbon activé peut être répétée toutes les 4 à 6 heures pendant 24 à 48 heures (protocole d'après base de donnée Tox-in).


L'hydroxocobalamine (CYANOKIT ®)

Principe
C'est un précurseur physiologique de la vitamine B12 naturellement présent dans l'organisme à des taux infimes. 
Elle forme un complexe inactif et irréversible avec les ions cyanures, induisant une reprise de la respiration cellulaire.

Indications
Intoxication aiguë par les cyanures et les végétaux cyanogènes

Réalisation pratique
Utilisation de CYANOKIT ® (2 flacons de 250 ml contenant chacun 2,5 g d'hydroxocobalamine sous forme de lyophilisat pour usage parentéral).


Les fragments Fab d'anticorps antidigitaliques (DIGIDOT ®)

Principe
Les fragments Fab d'anticorps antidigitaliques se lient à la fraction génine du cardiotonique, formant ainsi un complexe inactif. 

Indications
Intoxication par digitaliques avec insuffisance circulatoire associée ou non à des troubles du rythme ou de la conduction sévères

Réalisation pratique
Traitement curatif : un flacon de DIGIDOT ® contient 80 mg de Fab. La perfusion intraveineuse s'effectue en 15 à 30 min dans du sérum glucosé isotonique ou du sérum salé isotonique, sous surveillance électrocardiographique. Normalement l'effet est spectaculaire (protocole d'après base de donnée Tox-in).


L'atropine (ATROPINE Aguettant ®)

Principe
L'atropine s'oppose de façon compétitive aux effets de l'acétylcholine.

Indications
Traitement des bradycardies sinusales et des blocs auriculo-ventriculaires (intoxication par digitaliques, plantes cardiotoxiques...)

Contre-indications
• Glaucome par fermeture de l'angle
• Risque de rétention urinaire (obstacle urétro-prostatique)
• Iléus paralytique, achalasie, spasme de l'œsophage, reflux gastro-œsophagien, mégacôlon toxique, sténose du pylore, rectocolite hémorragique

Réalisation pratique
Atropine Aguettant ® ampoule de 0,25-0,50-1 mg
La surveillance électrocardiographique est impérative. L'oxygénation est recommandée lors de l'utilisation de fortes doses d'atropine (protocole d'après base de donnée Tox-in).

Effets secondaires
• Effets atropiniques dose-dépendants : bouche sèche, constipation, mydriase, troubles de l'accommodation, tachycardie, constipation, rétention urinaire, risque de glaucome aigu en cas de glaucome à angle fermé.
A fortes doses, risque d'excitation, de confusion, d'hallucinations, de coma et de dépression respiratoire
• En cas d'injection trop rapide : risque de tachycardie


Le diazépam (VALIUM ®)

Principe
Le diazépam appartient à la famille des benzodiazépines (effets anticonvulsivants, anxiolytiques, sédatifs, myorelaxants, amnésiants). Il est surtout utilisé comme anticonvulsivant.

Indications
Traitement des crises convulsives d'origine toxique (Genêt, Belladone, Datura...)

 

 

Références bibliographiques

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Dernière mise à jour le 23/09/2005 à 10:37:45