|
|
Traitement des intoxications par ingestion

Il faut veiller à ne rien tenter sans l'avis des secours
(CAP, SAMU) sauf en cas d'urgence mettant en jeu le
pronostic vital (troubles de la conscience).
Dans tous les cas, ne jamais faire boire ou faire vomir.
Les mesures données ici le sont à titre informatifs et ne
peuvent être réalisées que par un personnel formé en milieu hospitalier.
Le lavage gastrique
Principe Évacuation digestive des toxiques par lavage gastrique
Indications Intoxications potentiellement graves compatibles avec l'évacuation digestive des toxiques.
Contre-indications Perte de connaissance : l'intubation peut néanmoins être
réalisée avec une
sonde à ballonnet en vue d'éviter le risque de fausse route.
Réalisation pratique
 Matériel pour lavage gastrique |
 Lavage gastrique |
Le lavage gastrique ne peut être réalisé qu'en milieu hospitalier par un
personnel entraîné (au moins deux personnes). Un examen clinique complet et la
correction de défaillances vitales éventuelles précèdent sa réalisation. Un
matériel de réanimation (aspirateur de mucosités, plateau d'intubation,
cardioscope) doit être disponible dans tous les cas. Une voie veineuse périphérique
est mise en place avant le début du lavage, les prothèses dentaires sont enlevées.
Le patient doit être clairement informé du déroulement de l'opération s'il
est conscient.
La position du patient est variable suivant les auteurs : décubitus dorsal
en position déclive le plus souvent, ou en position assise chez le sujet
conscient pour certains. Le tube de Faucher (36 F minimum chez l'adulte) est
lubrifié avec de l'eau ou de l'huile de vaseline (pas d'anesthésiques locaux),
puis introduit dans la bouche. Il est ensuite poussé dans l'œsophage et
l'estomac de façon non traumatique (40 à 50 cm chez l'adulte), en faisant déglutir
le patient. Sa bonne position est vérifiée par l'existence d'un reflux
gastrique et l'auscultation du creux épigastrique après injection d'air. Une
tulipe en verre est adaptée au tube et le premier retour de liquide gastrique
est conservé pour l'analyse toxicologique. Ensuite, la tulipe, placée à
hauteur du malade, est remplie d'eau tiède (200 à 400 ml). Elle est alors surélevée
pour permettre l'écoulement de l'eau dans l'estomac, puis abaissée pour
siphonner le liquide gastrique dans un seau placé au dessous du plan du lit.
Cette manœuvre est répétée plusieurs fois pour une quantité globale de 10
litres d'eau tiède ou plus (100 ml/kg chez l'enfant), jusqu'à l'obtention d'un
liquide gastrique propre. Du charbon activé peut être administré après le
lavage gastrique (protocole d'après base de donnée Tox-in).
Le charbon activé
Principe Le charbon activé se présente sous la forme d'une poudre noire
insoluble, sans odeur ni saveur à fort pouvoir d'adsorption.
Il permet :
• L'adsorption de toxiques au niveau intestinal avec formation de
complexes charbon-toxiques inactifs et l'arrêt du cycle entéro-hépatique
pour certains toxiques et leurs métabolites actifs ou non
• Une "dialyse intestinale" de certains toxiques, en se liant
aux molécules diffusant du sang vers la lumière intestinale, en cas
d'administration de charbon à doses répétées.
Ces propriétés permettent une diminution de la résorption intestinale
et une accélération de l'élimination de nombreux toxiques.
Indications
Épuration digestive dans les intoxications aiguës, seul ou en complément du lavage gastrique.
Contre-indications • Vomissements (risque d'inhalation bronchique)
• Intoxications pouvant justifier un traitement antidotique par voie
orale : le charbon activé peut neutraliser l'antidote
• Toxiques non adsorbés par le charbon activé comme le cyanure.
Réalisation pratique
 Exemple de charbon activé
Le charbon activé est dilué dans de l'eau et la solution obtenue bien
agitée afin d'éviter la formation de grumeaux. Le patient boit lentement la
solution pour éviter d'induire des vomissements.
Le charbon activé est administré le plus tôt possible après l'intoxication.
Le charbon peut constituer le traitement unique d'une intoxication de faible
ou de moyenne gravité, ou venir en complément du lavage
gastrique. On peut envisager d'utiliser le charbon activé à domicile.
En milieu hospitalier, l'administration de charbon activé peut être répétée
toutes les 4 à 6 heures pendant 24 à 48 heures (protocole d'après base de
donnée Tox-in).
L'hydroxocobalamine (CYANOKIT ®)
Principe
C'est un précurseur physiologique de la vitamine B12 naturellement
présent dans l'organisme à des taux infimes.
Elle forme un complexe inactif et irréversible avec les ions cyanures,
induisant une reprise de la respiration cellulaire.
Indications
Intoxication aiguë par les cyanures et les végétaux cyanogènes
Réalisation pratique Utilisation de CYANOKIT ® (2 flacons de 250 ml contenant chacun 2,5 g
d'hydroxocobalamine sous forme de lyophilisat pour usage parentéral).
Les fragments Fab d'anticorps antidigitaliques (DIGIDOT ®)
Principe
Les fragments Fab d'anticorps antidigitaliques se lient à la
fraction génine du cardiotonique, formant ainsi un complexe inactif.
Indications Intoxication par digitaliques avec insuffisance circulatoire associée
ou non à des troubles du rythme ou de la conduction sévères
Réalisation pratique
Traitement curatif : un flacon de DIGIDOT ® contient 80 mg de Fab. La
perfusion intraveineuse s'effectue en 15 à 30 min dans du sérum glucosé
isotonique ou du sérum salé isotonique, sous surveillance électrocardiographique.
Normalement l'effet est spectaculaire (protocole d'après base de donnée
Tox-in).
L'atropine (ATROPINE Aguettant ®)
Principe
L'atropine s'oppose de façon compétitive aux effets de l'acétylcholine.
Indications
Traitement des bradycardies sinusales et des blocs auriculo-ventriculaires (intoxication
par digitaliques, plantes cardiotoxiques...)
Contre-indications
• Glaucome par fermeture de l'angle
• Risque de rétention urinaire (obstacle urétro-prostatique)
• Iléus paralytique, achalasie, spasme de l'œsophage, reflux gastro-œsophagien,
mégacôlon toxique, sténose du pylore, rectocolite hémorragique
Réalisation pratique Atropine Aguettant ® ampoule de 0,25-0,50-1 mg
La surveillance électrocardiographique est impérative. L'oxygénation est
recommandée lors de l'utilisation de fortes doses d'atropine (protocole
d'après base de donnée Tox-in).
Effets secondaires • Effets atropiniques dose-dépendants : bouche sèche,
constipation, mydriase, troubles de l'accommodation, tachycardie,
constipation, rétention urinaire, risque de glaucome aigu en cas de glaucome
à angle fermé.
A fortes doses, risque d'excitation, de confusion, d'hallucinations, de coma
et de dépression respiratoire
• En cas d'injection trop rapide : risque de tachycardie
Le diazépam (VALIUM ®)
Principe
Le diazépam appartient à la famille des benzodiazépines
(effets anticonvulsivants, anxiolytiques, sédatifs, myorelaxants, amnésiants).
Il est surtout utilisé comme anticonvulsivant.
Indications
Traitement
des crises convulsives d'origine toxique (Genêt, Belladone, Datura...)
|
|
Références bibliographiques
BISMUTH C., 2000. Toxicologie clinique. Éd. Médecine-Sciences - Flammarion.
BLAMEY M., GREY-WILSON C., 1991. La flore d'Europe occidentale. Éd. Arthaud.
BOUDOU-SEBASTIAN C., 2003. Baies et plantes toxiques. Le
moniteur des pharmacies et des laboratoires, cahier II du n°2490.
BOURBIGOT P., 1984. Contribution à l'étude des intoxications par les plantes à
baies ou à fruits bacciformes rouges. Thèse Pharmacie, Lyon I.
BROSSE J., 1995. Les fruits. Bibliothèque de l'image.
BRUNETON J., 2001. Plantes toxiques. Végétaux dangereux pour l'Homme et les
animaux. Éd. Tec et Doc et EMI.
CAJAT M. C., 1992. Plantes ornementales toxiques et intoxications dans la région
de Clermont-Ferrand : cas recensés par le CAP de 1988 à 1990 ; risques pour les
jeunes enfants : enquête réalisée sur les aires de jeu des écoles maternelles.
Thèse Pharmacie, Clermont I.
COUPLAN F., STYNER E., 1994. Guide des plantes comestibles et toxiques. Éd.
Delachaux et Niestlé.
DÄHNCKE R. M., DÄHNCKE
S., 1981. Les baies. Comment déterminer correctement les baies comestibles et
les baies toxiques. Miniguide Nathan. DEBELMAS A. M., DELAVEAU P., 1983. Guide des plantes dangereuses. Éd. Maloine.
DELAVEAU P., 1974. Plantes agressives et poisons végétaux. Éd. Horizons de
France.
DESCOTES J., TESTUD F., FRANTZ P., 1992. Les urgences en toxicologie. Baies
toxiques (505-511). Autres plantes toxiques (513-523). Éd. Maloine.
ENGEL F., GUILLEMAIN J., 2003. Plantes irritatives et allergisantes
d'appartements et de jardins. Éd. Institut Klorane.
FOURASTE I., 2002. Fruits charnus sauvages et des jardins. Éd. Institut Klorane.
FOURASTE I., 2001. Plantes toxiques sauvages et horticoles. Éd. Institut Klorane.
FROHNE D., PFÄNDER J., 2002. A colour atlas of
poisonous plants. Manson Publishing, Londres.
JEAN-BLAIN C., GRISVARD M., 1973. Plantes vénéneuses. Toxicologie. La Maison
Rustique, Paris.
LAUX H. E. (et GUEDES M.), 1985. Baies et fruits dans nos bois et jardins. Éd.
Bordas.
MEYER F., 1989. Toxicité des baies et des fruits bacciformes. Quinze ans
d'expérience du centre antipoisons de Lyon. Thèse Médecine, Lyon I.
MONDOLOT-COSSON L., 1998. Les plantes toxiques. Le moniteur des pharmacies et
des laboratoires, cahier pratique du n°2259.
Phytoma - La défense des végétaux n°572., 1999. Toxicité des baies en espaces
verts.
Phytoma - La défense des végétaux n°517., 1999. Principales plantes ornementales
à baies toxiques.
REYNAUD J., 2002. La flore du pharmacien. Éd. Tec et Doc et EMI.
SPOERKE D. G. Jr., SMOLINSKE S. C., 1990. Toxicity of houseplants. CRC Presse,
Boston.
THIEVON P. 1992. Développement et première validation d'un système informatique
d'identification des baies. Thèse médecine, Lyon I.
TOUATI A., 1985. Plantes toxiques ornementales. Thèse Pharmacie, Rennes.
TROTIN F., 1975. Plantes toxiques. Diagnose et effets. Un problème de
l'officine. Bulletin de la Société de Pharmacie de Lille n°31 (79-95).
VERMARE D., 1986. Le pouvoir nocif des plantes d'ornement. Thèse Médecine, Lyon
I
|
|
|
|